Annecy 2025 : le retour du politique dans l’animation



Pour la première fois au festival d’Annecy depuis la mobilisation contre l’échelon junior en 2016, le politique a fait son retour par la porte contestataire ! Loin des salons feutrés du MIFA, les travailleur·euses se sont retrouvé·es à trois reprises durant la semaine devant Bonlieu pour faire entendre leur mécontentement et leurs revendications !

En réalité, la question politique était déjà revenue au festival en 2024, durant une manifestation spontanée à l’annonce de la dissolution de l’Assemblée Nationale. Beaucoup de festivalier·es y avaient pris part, et le collectif Animafpop avait par la suite rapidement vu le jour. Cette année, le festival a démarré le lundi par un rassemblement en soutien à la Palestine et en défense de l’équipage humanitaire du Madleen, illégalement enlevé par l’armée israélienne dans les eaux internationales alors qu’il se rendait à Gaza. Plus de 500 personnes se sont retrouvées devant Bonlieu, dont des travailleur·euses du film d’animation, qui avaient confectionné des pancartes pour l’occasion et ont lu un texte de soutien et appel à l’action contre le génocide en cours à Gaza.

Le second rassemblement, le mercredi 11 juin, était organisé à l’initiative du collectif La Barbe, qui s’est formé après le licenciement de près de 80 travailleur·euses du studio Andarta Pictures. Devant une centaine de personnes, le collectif a lu des témoignages de certain·es ex-salarié·es du studio, faisant part de leur mal-être, de la pression et du stress vécu sur la production de Lana Longuebarbe, mais aussi de la gestion initiale de la production par le studio, qui ne pouvait amener à leur sens qu’à la dégradation de leurs conditions de travail. Le propos a par la suite été élargi : des interventions syndicales et associatives ont rappelé que ces abus sont systémiques, se retrouvent dans moult studios, en production déléguée comme exécutive, et qu’il appartient aux travailleur·euses de se mobiliser pour faire valoir leurs droits, en remontant notamment les abus aux syndicats. 3DVF, présent sur place, a fait un compte-rendu complet de l’événement.

Enfin, un troisième rassemblement s’est tenu jeudi 12 juin à l’initiative des Intervalles, regroupant une coalition de quelque 26 syndicats venus de 8 pays différents pour lutter contre la prolifération dérégulée des IA génératives dans le film d’animation à l’échelle nationale et internationale. Tous n’ont malheureusement pas pu envoyer de délégation ou représentant·es au rassemblement, mais l’on retrouvait malgré tout sur place les syndicats français (SNTPCT, SPIAC-CGT, CNT, Guilde des scénaristes, Syndicat des Scénaristes), ainsi que le syndicat belge ABRACA. Quelque 150 personnes ont bravé la canicule pour entendre la déclaration commune et internationale des syndicats, une première dans le secteur du film d’animation. Après des prises de paroles syndicales et de personnes dans le public, restent aux syndicats signataires à travailler de concert pour aboutir à une régulation stricte et à une législation précise liée à l’utilisation des IA génératives dans le film d’animation et au-delà.

Le festival d’Annecy est une vitrine. Non seulement pour les producteur·ices, diffuseur·ices et distributeur·ices, mais également pour nous autres travailleur·euses. C’est un moment phare dans l’année, durant lequel les médias sont plus attentifs à notre secteur, et au festival même. D’où l’importance de le politiser, tout comme nos camarades de la prise de vues réelles, en grande partie via les interventions des acteur·ices, qui maintiennent un semblant de politique aux Césars et au festival de Cannes. 

Nous continuerons à nous faire entendre, tant qu’il le faudra, au plus grand nombre, à tous·tes celleux qui ont le film d’animation à cœur et qui ne souhaitent que vivre dignement de leur travail !


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