Soirée Noranim – Lumière sur les femmes dans l’animation

Ce jeudi 05 mai se tenait à Lille une soirée organisée par Noranim sur le thème “Lumière sur les femmes dans l’animation”, durant laquelle nous avons surtout eu le plaisir de rencontrer les récents collectifs Filles en Feu et Les Femmes s’Alimentent.

Le premier est une association axée sur l’accompagnement de production et diffusion de professionnel·les émergent·es, en donnant la priorité aux femmes et personnes queer, tout autant dans l’animation que dans le live. Ses membres ont déjà un court-métrage sur le feu (pun intented) puisqu’elles ont lancé une campagne participative pour la production de Garçonne, de Cloé Coutel. Elles ont également mentionné durant la soirée le projet d’un atelier d’écriture à venir.

La seconde est un collectif anonyme de rencontres des travailleureuses du cinéma d’animation dans la région Nord, et qui organise, entre autres, un pique-nique en non-mixité choisie le vendredi 24 juin au Jardin des Plantes de Lille. De quoi se retrouver et se détendre après l’éreintante semaine à Annecy.

Présentation des Filles en Feu et de leur premier court-métrage Garçonne.

Peut-être aurons-nous le plaisir futur d’organiser avec nos consoeurs des événements communs, nous vous invitons d’ici là à découvrir ces deux collectifs féministes centrés sur le bassin lillois, qui promettent d’être un peu plus incisifs que le sage et institutionnel Noranim, découvert à l’occasion de cette soirée.

Car si les Filles en Feu et Les Femmes s’Alimentent prônent la lutte pour les personnes minorisées voire la non-mixité et l’auto-défense, Noranim avait choisi pour cette soirée d’inviter en parité femmes et hommes à s’exprimer sur la place des femmes dans l’animation. Les discussions ont démarré après la projection d’un épisode d’Alice In Animation, datant de 2016, sur le ciblage genré des dessins animés occidentaux. L’autrice de la vidéo n’était pas présente sur place.

Les invité·es, Charlotte Cambon, coréalisatrice de l’adaptation animée des Culottées et créatrice de l’atelier lillois Les Requins Citrons, Mélanie Duval, scénariste, Sébastien Thibaudeau, showrunner de la série Miraculous Ladybug, et Denis Walgenwitz, producteur de la série Les Mères Lachaises (réalisée par Alix Fizet), ont pu débattre sur la parole et la place des femmes au sein de notre industrie. Force fut de constater que certains s’exprimaient sans pleinement connaître les sujets dont il était question ou en s’éloignant de la thématique du jour, avec parfois quelques maladresses de langage et du manterrupting. Comme quoi il n’est pas toujours adéquat de vouloir à tout prix viser la parité parfaite, surtout lorsqu’il s’agit de discuter de sujets féministes où les premières concernées sont de base peu entendues et écoutées.

Les invité·es de la soirée “Lumière sur les femmes dans l’animation”, de droite à gauche : Denis Walgenwitz, Mélanie Duval, Sébastien Thibaudeau, Charlotte Cambon.

Il fut tout de même intéressant d’entendre le point de vue de Charlotte Cambon sur la différence d’implication et de pouvoir quant aux questions de représentations genrées entre la réalisation d’une œuvre de commande et celle d’une œuvre personnelle, ainsi que la difficulté de s’emparer d’expériences intimes dont on est intrinsèquement éloignée (en prenant pour exemple certains épisodes des Culottées). Mélanie Duval a quant à elle insisté sur la nécessité de faire preuve d’empathie et de faire des recherches préalables lorsqu’on travaille sur un projet traitant d’expériences qui ne sont pas les nôtres. Elle a par ailleurs remarqué que pour les séries preschools, on considère à l’inverse souvent, via un biais sexiste, que les femmes sont plus aptes à les écrire puisque concernent un public très jeune, faisant le lien avec un pseudo instinct parental dont seraient alors totalement dépourvu les hommes. Et oui, on en est encore là et elle fait bien de le rappeler : non seulement les héroïnes sont encore souvent minoritaires et/ou stéréotypées, mais derrière les écrans, les femmes sont également restreintes à certains types de programmes, voire à certains postes, bien que le sujet n’ait pas été ici discuté.

Nous ne rentrerons pas ici dans le détail des discussions, dont nous ne rejoignons pas toutes les vues, mais remercions Noranim d’avoir organiser cette soirée, qui fut une belle occasion de rencontre, de partage et d’échanges avec nos camarades du nord. Suivez vite Les Filles en Feu et Les Femmes s’Alimentent !

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